Déambuler dans les rues de Cartagena offre bien plus qu’un simple plongeon dans l’histoire coloniale de la Colombie. La cité, célèbre pour ses remparts et son atmosphère caribéenne, révèle aujourd’hui un autre visage, celui de la renaissance après des décennies de conflit avec les FARC. Partout sur les murs, d’immenses fresques colorées, souvent réalisées collectivement, racontent l’après-guerre, la volonté de réconciliation et les difficultés de la paix. Chacune, à sa manière, témoigne d’un engagement social profond : un dialogue visuel entre passé douloureux et avenir espéré. Au lendemain de la signature de l’accord historique, ces murales sont devenues des invités permanents du paysage urbain, composant une mémoire vivante, vibrante, poignante. Les promeneurs, locaux ou voyageurs curieux, y lisent à la fois les blessures de la guerre et les promesses de paix, faisant de Cartagena un laboratoire unique du tourisme culturel et de la résilience.
La naissance de l’art urbain de la paix à Cartagena : un contexte chargé d’histoire
Cartagena n’a pas échappé à la tourmente qui a secoué la Colombie pendant plus d’un demi-siècle. En septembre 2016, la ville a même été le théâtre symbolique de la signature de l’accord de paix entre l’État et les FARC, un événement suivi mondialement. Dès lors, les rues de la vieille ville et de ses quartiers périphériques ont vu apparaître une floraison de peintures murales, chacune portant la marque de ce moment charnière. Ce phénomène d’arti-urbain ne doit rien au hasard. Derrière chaque œuvre, on retrouve souvent des collectifs d’artistes locaux, des ONG, ou encore d’anciens combattants eux-mêmes, décidés à faire des murs autant de moyens de narration que d’outils de guérison.
Ce renouveau visuel puise son inspiration dans l’urgence de raconter : raconter la douleur des familles déplacées, honorer les disparus, proclamer le refus du silence et de l’oubli. À travers les couleurs, les symboles et les portraits, c’est toute la culture colombienne qui s’invite dans l’espace public pour incarner la réconciliation et la transformation sociale. Cette vague artistique s’inscrit dans les pas de plusieurs initiatives vues ailleurs dans le pays, mais possède à Cartagena une force particulière grâce à la densité historique de la ville et à son ouverture sur le monde. Le processus de création de ces murales n’est jamais anodin : il implique des ateliers de parole, des discussions intergénérationnelles, parfois des gestes rituels pour “libérer les fantômes” du passé.
Les murals, véritables archives murales, abordent des thèmes forts :
- Le souvenir des victimes : portraits, silhouettes, noms gravés, scènes de vie quotidienne bouleversées par le conflit.
- L’engagement social et politique : symboles de paix, de justice, exemples de femmes leaders et de communautés résistantes.
- L’espoir et la reconstruction : images d’enfants jouant, paysages réinventés, mains qui se tendent.
Quartier | Type de mural | Thème principal |
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Getsemani | Collective, moderne | Réconciliation, jeunesse |
Bocagrande | Portrait, historique | Victimes, mémoire |
Centro | Fresque narrative | Paix, diversité culturelle |
Ce tissu visuel et symbolique a fait de Cartagena un livre ouvert sur ses aspirations post-conflit. Pour ceux qui souhaitent approfondir les enjeux autour des murs qui parlent de guerre et de paix, ce dossier sur making-of.afp.com propose de nombreux éclairages complémentaires.

Les essentiels pour comprendre les murales de paix : messages, acteurs et rôle dans le tourisme culturel
Face à ces œuvres, certains codes sont essentiels pour décrypter ce que la ville raconte aujourd’hui. Les murales ne sont pas que de la décoration : elles constituent un témoin de l’histoire, un support de mémoire mais aussi de revendication. Dès lors, saisir l’enjeu de leur présence passe par la compréhension de ces points-clés :
- Qui crée ? Des collectifs d’artistes locaux, des groupes d’anciens combattants, parfois des associations de femmes ou de jeunes marqués par l’après-conflit.
- Pour qui ? Locaux d’abord, visiteurs ensuite : le dialogue s’instaure entre habitants et voyageurs, l’art devenant une passerelle dans le tissu social.
- Quels messages ? Les images dénoncent la violence, appellent à la démocratie locale, prônent la collaboration avec “ceux d’en face” (souvent ex-adversaires) et valorisent le patrimoine populaire de la ville.
- Quel impact ? Les murales sont intégrées de plus en plus dans le parcours de turisme culturel : des visites guidées thématiques s’organisent, l’économie locale bénéficie de cette valorisation, et les quartiers identifiés comme “dangereux” trouvent de nouvelles raisons d’attirer les regards.
Point-clé | Explication concrète | Erreur courante à éviter |
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Légitimité de l’artiste | Certains murals sont réalisés par d’ex-combattants, apportant un témoignage direct du conflit | Pensée que tout le street art est anonyme ou “hors-la-loi” |
Code couleur | Le blanc symbolise la paix, le rouge souvent la douleur ou le sang versé, le vert l’espoir du renouveau | Lire la couleur de manière universelle sans ancrage local |
Modèles représentés | Nombreuses figures féminines et de jeunes, incarnation de la reconstruction | Supposer que seuls les leaders connus sont représentés |
Réussir son expérience face à ces murs, c’est aussi accepter la complexité du message. Sur place, il est toujours conseillé d’écouter les récits des guides locaux : ces derniers, parfois enfants de déplacés internes ou jeunes issus de familles engagées dans la réconciliation, rappellent combien les murals sont une boussole émotionnelle autant qu’un vecteur économique pour Cartagena. Pour explorer d’autres aspects du patrimoine urbain, le dossier dédié à Cartagena enrichira toute découverte urbaine de la ville.
Guide pratique pour une découverte des murales : itinéraires, coûts, conseils terrain
Explorer les murales de paix à Cartagena peut se faire en autonomie, mais rien ne vaut une découverte accompagnée. Plusieurs itinéraires ont vu le jour, chacun axé sur des quartiers phares et des histoires marquantes. Les visites guidées spécialisées offrent souvent une immersion plus profonde dans la culture colombienne et l’histoire locale. Voici un panorama des modalités, fourchettes de prix et conseils pour une expérience réussie :
- Itinéraires en solo : Une carte téléchargeable (disponible à l’office de tourisme ou en ligne) signale les spots majeurs, avec des indications sur la thématique de chaque mural. Compter 3-4 heures pour une boucle centrale (Centro, Getsemani, San Diego).
- Circuits accompagnés : Plusieurs agences et collectifs proposent des visites commentées (en espagnol, anglais et parfois français). Prix moyen : 40 000 à 70 000 COP (soit 10 à 18 euros), réduits pour les groupes ou associations étudiantes.
- Options solidaires : Certains parcours reversent une partie des bénéfices à des projets d’inclusion, d’éducation artistique ou de soutien aux familles de victimes du conflit.
- Moments à privilégier : Privilégier la matinée ou la fin d’après-midi : lumière idéale, moindre chaleur, atmosphère plus vivante et sécurisée.
Type de parcours | Fourchette de prix | Points forts |
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Visite autonome | Gratuit | Flexibilité totale, bon pour flâneurs |
Visite guidée artistique | 10-18€ | Accès à des récits inédits, contacts directs |
Parcours solidaire | 15-25€ | Soutien à des initiatives locales, rencontres |
Au fil des balades, ne pas hésiter à pousser la porte de certains cafés associatifs : ces lieux hybrides, murs décorés par les artistes du quartier, proposent souvent expositions temporaires, ateliers d’initiation ou ventes de produits locaux. D’autres bons plans, accessibles à tous les budgets, sont recensés en détail sur yaquoiavoir.com et régulièrement mis à jour par et pour les voyageurs terrain.
Astuces et ressources pour une visite réussie : conseils d’initiée et infos cachées
La découverte des murales de paix à Cartagena peut devenir une aventure enrichissante, à condition de s’armer de quelques astuces d’initiée glanées auprès de ceux qui arpentent la ville tous les jours. Voici les incontournables pour éviter les pièges et profiter pleinement de l’expérience :
- Applications spécialisées street art : Street Art Cities (carte interactive mondiale) et GraffitiMaps (fiches artistes locales).
- Moments propices : Le dimanche matin, les rues sont plus calmes, parfait pour photographier les œuvres sans foule. À la tombée de la nuit, certains murals sont mis en valeur par des éclairages urbains subtils.
- Contacts utiles : Collectif “Paz en el Muro”, basé à Getsemani, organise régulièrement des ateliers participatifs (contacter via Facebook ou Instagram).
- Prévoir un guide local pour accéder à des quartiers moins touristiques (San Francisco, Torices), où des artworks récents n’apparaissent pas encore sur les guides officiels.
- Toujours demander permission pour photographier des habitants associés à une fresque.
Ressource | Utilité | Où la trouver |
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Street Art Cities App | Carte géolocalisée, infos œuvres | Boutiques Apple/Android |
Listes guides locaux certifiés | Adresses, contacts, avantages | Office tourisme, réseaux sociaux |
Ateliers Paz en el Muro | Evénements, rencontres | Facebook Getsemani mural community |
En dehors des sentiers battus, misez sur les bus urbains : des circuits semi-touristiques desservent les quartiers abritant des murales spectaculaires. Pour ceux qui veulent compléter leur expérience et découvrir d’autres aspects de la culture locale, le guide sur la signature historique de l’accord de paix remonte aux racines du mouvement pacificateur dans la région.
Témoignage d’une guide locale : les murales, catalyseurs d’espérance et de dialogue
Angela, jeune guide cartaginoise, se livre : “Chaque matin, je traverse Getsemani ; les gamins m’interpellent, me montrent la nouvelle fresque qu’ils ont vue naître la veille. Il y a deux ans, accompagner un groupe était risqué, maintenant, je vois les familles, les étudiants, les anciens guérilleros se tenir devant un même mur, se parler, sourire ensemble. Une fois, une femme s’est approchée durant une visite – elle reconnaissait sur la fresque le visage de son frère disparu. Elle a pleuré, puis remercié l’artiste de ne pas oublier. Pour moi, les murales sont la marque indélébile que la paix s’apprend par la pratique, qu’elle n’est jamais figée. Ce dialogue, tissé au fil des couleurs, nous permet d’espérer et de bâtir, chaque jour, un bout de réconciliation.”
- Rencontres intergénérationnelles favorisées par les ateliers muraux
- Rôle des femmes et des jeunes dans la réappropriation de l’espace public
- Situation vécue d’une famille retrouvant symboliquement un parent par le biais d’une fresque
Profil | Expérience-clé | Leçon à retenir |
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Angela, guide locale | Découverte d’un portrait familial sur une fresque | L’art de rue relie passé et présent, douleur et espoir |
Adriana, étudiante | Participation à un atelier mural | Empowerment des jeunes dans la paix locale |
Carlos, ex-combattant | Création collective d’une fresque en sortie de réinsertion | L’art comme outil de transition sociale |
L’expérience d’Angela et des autres témoins locaux démontre que découvrir les murales, c’est aussi rencontrer ceux qui les font vivre. Pour prolonger cette immersion, cette analyse RFI sur le bilan des accords de paix donne un éclairage précis sur la réalité de la paix vécue.
Comprendre le processus de paix à travers le prisme des murales : chronologie et enjeux locaux
L’intérêt pour les murales de paix à Cartagena tient à leur double fonction de mémoire et d’espoir. Pour comprendre leur portée, il faut revenir sur la chronologie récente du conflit : après plus de 50 ans de guerre civile, l’accord du 26 septembre 2016 marque un tournant fort, même si la paix reste imparfaite. Dès lors, la société civile s’est mobilisée pour donner la parole aux oubliés du processus.
- 2016 : Signature de l’accord avec les FARC à Cartagena.
- 2017-2022 : Prolifération des initiatives artistiques et citoyennes dans les quartiers urbains et périphériques.
- 2023-2025 : Integration du street art de paix dans le patrimoine urbain, nouveaux itinéraires touristiques balisés, reconnaissance institutionnelle des artistes locaux.
Date | Événement | Incidence sur l’arti-urbain |
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26 septembre 2016 | Accord de paix signé à Cartagena | Début de la vague de murals commémoratifs |
2018 | Lancement d’appels à projets artistiques | Multiplication des collectifs de peintres urbains |
2022 | Label “Quartier de la paix” attribué à Getsemani | Afflux de visiteurs et médias internationaux |
Ce processus, encore en cours, fait écho à d’autres initiatives nationales, comme le retrace l’article sur les étapes du processus de paix avec les FARC. Si certains quartiers restent confrontés à des tensions latentes, l’expression artistique a permis de cristalliser les aspirations démocratiques et sociales dans l’espace public.
Les défis de la réconciliation et de l’engagement social : rôle des murales dans la société civile
Les murales de paix ne sont pas que des œuvres d’art. À Cartagena, elles incarnent aussi le combat toujours actuel pour la réconciliation et l’engagement social. Les thématiques abordées dépassent la simple commémoration des accords avec les FARC pour explorer des problématiques contemporaines :
- Lutte contre la stigmatisation des anciens combattants et leur réinsertion.
- Plaidoirie pour la reconnaissance des femmes victimes ou héroïnes de paix.
- Inclusion des minorités afro-colombiennes et indigènes dans la mémoire urbaine.
- Messages environnementaux liés à la reconstruction territoriale post-conflit.
Défi social | Méthode artistique abordée | Impact observé |
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Réinsertion sociale | Ateliers de co-création mural | Diminution du taux de récidive, tissage de nouveaux liens |
Lutte contre le racisme | Représentation de leaders locaux issus des minorités | Renforcement du sentiment d’appartenance collective |
Empowerment féminin | Portraits de femmes et récits autobiographiques sur les fresques | Augmentation du taux de femmes référentes dans les quartiers |
Les actions menées à travers l’arti-urbain font dialoguer des mondes auparavant séparés : jeunes, anciens, femmes leaders, ex-rebelles. Pour ceux qui cherchent à explorer d’autres facettes de la ville et de son art urbain, le guide “Street Art et engagement à Cartagena” dresse une carte dynamique des initiatives en cours et à venir.
Les murales comme porte d’entrée vers le patrimoine et le tourisme culturel à Cartagena
À l’heure où Cartagena bâtit sa renommée sur la scène internationale grâce à ses murailles classées au patrimoine mondial, la modernité des murales de paix fait vibrer la cité à l’unisson de son histoire. Cette alliance entre tradition et modernité rejaillit sur le tourisme culturel, désormais fer de lance d’un développement économique plus équilibré pour la ville :
- Les visites de murals sont devenues une activité incontournable, plébiscitée par les voyageurs indépendants et les groupes en quête de sens.
- La découverte du patrimoine colonial se dote d’un supplément d’âme grâce à ces fresques porteuses de récits populaires.
- Les quartiers naguère marginalisés s’ouvrent à la curiosité mondiale, les bénéfices des visites se répercutant directement sur les artisans et commerçants concernés.
- Les collaborations entre agences de voyage, artistes et associations locales garantissent la pérennité du modèle tout en préservant l’authenticité du message.
Attraction | Type d’expérience | Public cible |
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Parcours murals guidés | Tour immersif, récit interactif | Voyageurs curieux, étudiants, familles |
Expositions temporaires | Vernissages avec les artistes | Amateurs d’art, locaux, médias |
Ateliers participatifs | Initiation mural collective | Jeunes du quartier, voyageurs solidaires |
Pour approfondir la dimension patrimoniale, la page officielle sur les murailles de Carthagène replace les fresques récentes dans l’héritage millénaire de la ville. On y découvre comment les parcours “murs et murals” séduisent une génération de voyageurs à la recherche d’authenticité, loin des clichés touristiques standardisés.
Inspirations, ressources et pistes pour explorer d’autres engagements artistiques en Colombie
Pour ceux que la découverte des murales de paix et de la culture colombienne inspire durablement, de nombreuses pistes s’offrent à prolonger l’aventure au-delà de Cartagena :
- Itinéraires de street art à Medellín et Bogotá, avec thématiques spécifiques sur la mémoire urbaine et la résilience.
- Cycle de projections documentaires sur la guérilla des FARC et l’avenir des initiatives citoyennes : “L’avenir a une histoire”.
- Rencontres d’artistes autour du festival annuel “Colores por la Paz”.
- Sources universitaires, comme ces études doctorales sur le rapport entre urbanisme et pacification, ou encore cet article sur l’engagement artistique dans les processus de paix.
- Focus sur les défis actuels avec l’ELN et les problématiques de transition : l’autre guérilla, l’ELN, encore active.
Ressource | Description | Intérêt |
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Festival Colores por la Paz | Collecte d’œuvres de paix réalisées à l’échelle nationale | Rencontres, ateliers ouverts, expositions surprises |
Projection documentaire FARC | Séances mensuelles avec débats citoyens | Croiser témoignages et perspectives historiques |
Publication universitaire OpenEdition | Articles et études sur l’urbanisme de la paix | Lecteurs spécialisés, étudiants |
Pour celles et ceux en quête de nouveaux territoires artistiques ou désireux de collaborer avec des acteurs culturels locaux, n’hésitez pas à explorer la série de dossiers dédiée sur yaquoiavoir.com, découvrir l’art urbain hors des sentiers battus ou même consulter le focus spécial nouveaux quartiers créatifs.
FAQ – Découvrir les murales de paix à Cartagena : questions pratiques et conseils
Question | Réponse claire et concise |
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Faut-il un guide pour explorer les murales de paix à Cartagena ? | C’est vivement conseillé pour comprendre le contexte et accéder aux quartiers moins touristiques, mais des parcours libres sont possibles avec les applications street art. |
Quel est le meilleur moment pour visiter ces murals ? | La matinée et la fin d’après-midi offrent la meilleure lumière, une température agréable et une ambiance authentique. |
Est-ce une activité sûre pour les voyageurs solos ? | Oui, en respectant les consignes de sécurité et en restant dans les zones balisées. Toujours demander conseil aux locaux pour s’aventurer hors des sentiers connus. |
Les murales sont-elles accessibles aux enfants ? | Absolument : les itinéraires sont adaptés, beaucoup d’œuvres étant créées par ou pour les plus jeunes, transmettant des messages universels de paix et d’espoir. |
Où trouver des informations actualisées sur le street art en Colombie ? | Consulter les sites spécialisés comme yaquoiavoir.com et les réseaux sociaux des collectifs artistiques locaux pour les dernières créations et événements. |